Christchurch, pour tout vous dire, la première fois qu’on s’est baladé dans son ‘centre-ville’, nous avons eu envie de prendre nos jambes à nos cous et de partir.
La simple et bonne raison de ce sentiment est que depuis la succession des tremblements de terre que la ville a connue entre 2010 et 2011, il n’y a pour ainsi dire plus de ville ou du moins de centre-ville. Les dégâts ont été colossaux et encore aujourd’hui, cinq ans après, la démolition des bâtiments n’est pas terminée. On vous laisse donc imaginer la (re)construction…
Il y a plusieurs raisons à cette lenteur :
- Besoin de financements, même si le pays possède une caisse d’assurance spéciale ‘tremblement de terre’, vous imaginez bien que le déblocage prend du temps.
- Vient ensuite le temps des négociations : quel est le bon ordre à donner, celui de la démolition ou de la rénovation ?
- Et puis ensuite reconstruire oui mais comment ? Quel sens donner à la ville ? Sachant que tout est possible, architectes, élus locaux, commerçants etc. on dû s’en donner à cœur joie dans la multiplication des réunions… Et celles-ci ne sont toujours pas finies aujourd’hui.
- Et pour les quelques bâtiments en reconstruction, il est nécessaire de renforcer la sécurité ce qui signifie construire en plus solide avec des fondations en profondeur et donc plus de temps et d’argent
- A cela s’ajoute également le choc psychologique qui est aujourd’hui encore palpable. Même si les pertes humaines (186 personnes ont trouvé la mort) n’ont pas été aussi grandes et heureusement que l’on que pourrait imaginer suite à un tel évènement, le vécu de phénomène naturel fut très éprouvant. On parle surtout du séisme en lui-même, des trois secousses qui ont été les plus élevées sur l’échelle de Richter mais on pense moins à ce qui se passe ensuite, la terre ne s’arrête pas de trembler d’un seul coup, les tremblements à répétition et incessants d’après choc sont très nombreux et s’étalent sur des semaines voire des mois, nuit et jour et avec à chaque fois la même angoisse : quand est-ce que ça va s’arrêter, est-ce que le toit va me tomber sur la tête, etc.
A ce titre, il serait très intéressant de connaitre les retombées sociales/humaines/sociologiques d’un tel évènement à savoir, combien de couples ont rompu dans les mois ou années suivants les tremblements (à ce titre, Paul le propriétaire de notre maison nous a avoué que les effets secondaires des tremblements de terre ont été une des causes de la rupture de son mariage) ? Comment a évolué la consommation d’antidépresseurs, de somnifères, d’alcool, de tabac ou autres ‘tranquillisants’ ? Comment a évolué le marché du travail ? etc.
Parce que oui on parle et on voit les dégâts matériels mais qu’en est-il du reste ? Et bien pour en avoir parlé quelque fois autour de nous, les cicatrices ne sont pas toujours bien refermées, certaines personnes ne veulent même plus aller dans le centre de la ville, ville qu’ils ne reconnaissent d’ailleurs plus et dont ils ont fait le deuil (surtout les plus anciens)
- Et puis à tout cela il faut bien entendu ajouter le ‘Take it easy’, qui ne fait pas avancer le schmilblick
Quoi qu’il en soit, aujourd’hui la ville n’a pas encore retrouvé son statut et son apparence de ville. Grues, conteneurs, cônes de signalisation, gilets jaune, orange et autres objets de décoration urbaine ont pris possession des lieux et la circulation, qu’elle soit piétonne ou motorisée, n’est pas vraiment évidente, mieux vaut bien regarder où l’on met les pieds et partir de chez soi en avance pour aller au boulot parce que vous ne savez jamais trop quelle route vous pourrez ou ne pas emprunter tel ou tel matin!
Enfin de la lecture sur le sol…
Envie de vous asseoir? Ahah essayez donc un peu plus loin!
Pouvez-vous trouver la voiture cachée???
Bâtiments de l’ancienne rue piétonne et centrale
LA Cathédrale Anglicane, l’un des monuments les plus beaux et emblématiques de ‘l’ancienne’ ville
Le sens de l’humour est toujours présent!!!
Mais au milieu de ce chaos, la vie reprend petit à petit, de nouveaux quartiers émergent dont un que nous trouvons tout à fait approprié et en harmonie avec la ville actuelle. Il s’agit du ‘Re:Start mall’ situé sur Cashel street et qui a la particularité d’être entièrement fait de conteneurs d’où son autre petit nom de ‘containers mall’. Et comme nous avons tendance à la surnommer Christchurch la ville conteneurs parce qu’il y en a un peu partout pour supporter les anciens édifices, pour servir ‘d’accueil’ aux entreprises de travaux publics ou encore pour avoir été transformés en café du coin, nous trouvons que l’idée fut très ingénieuse. Pour donner envie aux personnes de se rendre dans ce centre commercial un peu hors du commun et de fait en plein centre vite, les conteneurs ont été peints avec des couleurs criardes et une très bonne sélection de boutiques, restaurants et cafés s’y sont installés. Si vous cherchez la Poste centrale, c’est là qu’elle se trouve également (juste pour info parce que c’est toujours important de savoir où se trouve la Poste en voyage :)). Construit en 2011, ce quartier se voulait éphémère mais il est désormais une des emblèmes de la ‘nouvelle’ ville et comme cela arrive très souvent, il s’agit d’un provisoire qui dure ! Quoi qu’il en soit, lorsque vous vous trouvez à l’intérieur de ces conteneurs, vous n’avez pas le sentiment de vous trouver dans une boite en métal parce que leur aménagement et leur taille peuvent être très divers et variés.
Le second quartier ou plutôt ‘rue’ à avoir refait peau neuve est la New Regent Street qui fut la première réelle reconstruction du centre-ville. La rue a réouvert ses portes aux commerces et au public en 2013 sous un style et une architecture très hispanique qui lui confère beaucoup de cachet. Le tram y circule même de nouveau ce qui démontre de l’intention réelle de faire revivre ce centre-ville.
Et puis un peu partout dans la ville des bars et restaurants renaissent mais cela va encore prendre beaucoup de temps pour que la situation revienne à un semblant de normal et surtout pour que les habitants décident de retourner au centre de leur ville.
Mais où vont les gens nous demanderiez-vous ? Et bien c’est très simple, depuis cinq ans ils ont pris l’habitude d’aller faire leurs courses ou leurs différentes activités en périphérie du centre-ville. Et là la part belle est donnée au quartier de Riccarton situé à l’Ouest de la ville et à son centre commercial Westfield dans lequel vous trouverez tout ce que vous cherchez. En fait la politique de la ville a été de développer des centres commerciaux aux quatre points cardinaux de la ville pour ne léser personne et c’est comme ça qu’aujourd’hui, la grande majorité des habitants n’a plus de raison de se rendre en centre-ville.
Vivre dans ce joyeux bordel est une expérience nouvelle dans notre voyage et une fois passée la première vision d’apocalypse avec le sentiment que tout s’est passé hier, on s’y habitue et cela devient même un jeu de voir les évolutions, d’aller visiter les nouveaux bâtiments, restaurants et autres.
Sur ce on vous laisse, on va se préparer pour supporter notre pays d’accueil en ce jour de grande finale de coupe du monde de rugby 🙂